Mineuse du marronnier : Description, cycle biologique et dégats
Le Cameraria ohridella est un petit lépidoptère dont la chenille ravageuse est appelée mineuse ou teigne minière du marronnier. Cet insecte qui était inconnue de la science avant les années 1980 est en quelques années, pour des raisons inconnues, devenu ravageur, infestant des millions de marronniers (Aesculus hippocastanum) dans presque toute l'Europe occidentale, provoquant le dessèchement du feuillage prématurément en été.
Ce minuscule papillon (3 mm) a été découvert en 1984 au bord du lac d'Ohrid (d'où il tire son nom spécifique), à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Décrit comme espèce nouvelle en 1986, il s'est rapidement répandu dans toute l'Europe, principalement grâce à une colonisation anthropique.
Description
C'est un petit papillon brun ocre, de 3 à 5 mm de long, dont les ailes antérieures, brunes, ont des stries argentées, et les ailes postérieures, étroites, sombres, sont longuement frangées. Les antennes sont rayées et environ aussi longues que les ailes.
Cycle biologique
A la sortie de l'hiver, dès que la température dépasse les 12°C durant au moins 48 heures, la mineuse éclos et sort de la feuille ou elle a passé tout l'hiver. Une semaine plus tard, sur le tronc et les charpentes du marronnier, la reproduction commence. Une fois fécondées, les femelles s'envolent vers les parties hautes de l'arbre et déposent leurs oeufs sur la face supérieure des feuilles. Les larves éclosent et commencent leurs travaux de destruction.
Il peut y avoir ainsi de 3 à 5 générations par an selon les conditions climatiques.
Les premiers papillons émergent toujours au moment de la floraison du premier marronier (Avril Mai Juin).
La première génération, qui est la plus importante, ne peut ni ne doit donc être contrôlés par des insecticides afin de protéger les insectes pollinisateurs.
Les mâles éclosent quelques jours avant les femelles dès que la température moyenne dépasse 12°C.
Après fécondation, la femelle pond des dizaines d'œufs minuscules (de 20 à 1000 œufs) à la surface des feuilles, le long des nervures.
Trois semaines après, dès l'éclosion, de minuscules chenilles s'enfoncent dans la cuticule foliaire, y forant une galerie de 1 à 2 mm de long pour se nourrir.
La chenille passe 20 à 45 jours dans sa mine, puis nymphose en un peu moins de 15 jours, le plus souvent dans un petit cocon blanc à l'intérieur de la mine. La chrysalide perce ensuite la paroi du cocon, puis l'épiderme de la feuille.
La seconde génération s'étale sur tout le mois de juillet.
Dégâts
Vu que leur présence ne se limite pas à une génération, mais à trois générations successives par an, les dégâts peuvent prendre des proportions phénoménales à l'arrière-saison.
Les feuilles se dessèchent, se rabougrissent et tombent prématurément. Et si vous laissez le champ libre aux deux premières générations, la chute de feuilles prématurée a même de fortes chances de se produire dès le mois d'août, ce qui est lourd de conséquences pour l'arbre. En effet, à l'arrière-saison, le marronnier ne sera plus en mesure de constituer des réserves suffisantes dans ses feuilles. Ces réserves sont normalement stockées dans les bourgeons et dans la structure ligneuse de manière à assurer la pleine croissance l'année suivante.
Si ce phénomène se reproduit plusieurs années d'affilée, l'arbre s'affaiblit considérablement.
En outre, le marronnier sera davantage sensible au gel ainsi qu'à d'autres agresseurs (armillaire couleur de miel, ..), ce qui l'affaiblit encore plus. Du fait de cette vitalité en chute libre, l'état sanitaire du marronnier est menacé.
Evolution géographique
Carte de l'évolution de la mineuse du marronnier entre 2000 et 2004 (source INRA)